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Soutenance de thèse

Georges MEYER

Friday 27 January 2017 from 14h00

Site Pouchet du CNRS, salle 124
59-61 rue Pouchet, Paris 17ème

Georges Meyer, "L’État, l’art et les mœurs. Sociologie historique de la censure du cinéma (1961-1975)"

Composition du jury :

  • Philippe BOUQUILLION, professeur à l’Université Paris 13
  • Brigitte GAÏTI, professeure à l’Université Paris 1 (rapportrice)
  • Laurent JEANPIERRE, professeur à l’Université Paris 8
  • Violaine ROUSSEL, professeure à l’Université Paris 8 (directrice de thèse)
  • Gisèle SAPIRO, directrice de recherche au CNRS, directrice d’études à l’EHESS (rapportrice)
  • Emmanuel TAÏEB, professeur à Sciences Po Lyon

Résumé de le thèse :
Cette thèse a pour objet la transformation de l’institution de la censure d’État du cinéma en France, entre 1961, date d’une réforme qui la durcit, à 1975, année de la mise en place de la classification « X » et de l’octroi de la liberté d’expression au cinéma. Son enjeu principal est d’interroger, à travers cette institution et sa mutation, ce qui se joue dans-la bifurcation des années 1968. Pour cela, cette thèse est construite autour d’un cadre théorique spécifique articulant notamment la sociologie politique des institutions et la théorie de la « civilisation » de Norbert Elias. Ses matériaux sont essentiellement des archives étatiques, mais aussi des sources imprimées comme la presse.
La première partie étudie la configuration des années 1960, où l’emprise étatique de la censure sur le cinéma est soutenue par des entrepreneurs de morale publique. Le premier chapitre est consacré à la genèse socio-historique de la réforme de 1961. Cette réforme conduit au durcissement du dispositif institutionnel de la censure d’État du cinéma. Elle résulte de la légitimation étatique d’une croisade morale dirigée contre les films jugés immoraux. Des acteurs et organisations variées (notamment les associations familiales et l’Église catholique) se mobilisent pour un renforcement de la censure du cinéma, poussant les maires à interdire localement les films à scandale. La réforme objective officiellement un rapport de force défavorable aux organisations professionnelles du cinéma et au ministère des Affaires culturelles. Le nouveau dispositif issu de la réforme renforce le pouvoir du ministre de tutelle et fait entrer dans la commission de censure des experts, chargés de rendre la censure « scientifique ».
Le deuxième chapitre s’intéresse à l’« affaire » liée au film La Religieuse (1966) de Jacques Rivette. Il propose une discussion critique des catégories d’analyse de l’« affaire » et du « scandale » en sociologie. Les conditions de possibilité de la décision du secrétaire d’État à l’Information Yvon Bourges d’interdire totalement ce film sont analysées : il s’agit d’un coup politique légitimant une croisade morale menée par des membres du clergé catholique contre ce film. Les logiques et dynamiques du déploiement multisectoriel de l’ « affaire » sont mises au jour. Loin de mener de manière linéaire à la décision du Conseil d’État d’octroyer la liberté d’expression au cinéma en 1975, cette « affaire » représente toutefois une épreuve pour l’institution censoriale, mais aussi pour les ecclésiastiques qui se sont mobilisés contre le film.
La deuxième partie étudie en profondeur les logiques étatiques de l’ordre censorial entre 1961 et le début des années 1970. Le troisième chapitre prend pour objet la censure politique des films exercée par l’institution étudiée, entre le début des années 1960 et le début des années 1970. L’enjeu est d’interroger la persistance d’une censure politique des films dans un contexte démocratique et son déclin après 1968. Le chapitre examine d’abord comment cette forme de contrôle se pratique dans les années 1960 : une étude de cas sur la carrière censoriale du Petit Soldat de Jean-Luc Godard est développée. Les logiques et dynamiques de l’affranchissement des films de la censure politique sont examinées. Le déclin relatif de la « censure politique » résulte à la fois de logiques politiques au sommet de l’État et des mobilisations du champ du cinéma, dont une frange s’est alliée depuis 1968 avec les mouvements sociaux.
Le quatrième chapitre interroge la transformation de la censure menée au nom des « bonnes mœurs » entre 1961 et le début des années 1970. Son enjeu principal est de discuter la théorie du « procès de civilisation » de Norbert Elias. On montre en effet que la gestion de la représentation cinématographique de la violence ou du sexe par l’institution censoriale peut se comprendre à l’aune du processus de « civilisation des mœurs ». Pendant toute la période, mais plus encore à partir de 1968, l’institution fait face à une extension des transgressions cinématographiques au régime des mœurs. À partir de 1968, la censure des mœurs est l’objet d’une politisation par les créateurs de films, qui remettent en cause le partage entre les mœurs et la politique. De plus, la croyance au danger des films sur le public, fondement de la police des mœurs exercée par l’institution, tend à décroître.
La troisième partie interroge les enjeux artistiques de l’action publique relative au contrôle des films. Le cinquième chapitre traite du rapport entre l’institution censoriale et l’art cinématographique. Entre 1961 et 1974, on montre comment les censeurs sont saisis, et de plus en plus, par l’illusio cinématographique, c’est-à-dire par le principe de classement et de hiérarchie des œuvres forgé au sein du champ du cinéma. Les jugements esthétiques de la censure viennent aggraver ou adoucir les sanctions de la police des mœurs. Les censeurs sont en effet bien plus tolérants envers ce qu’ils appréhendent comme des chefs-d’œuvre que devant des films qu’ils jugent sans qualité. On analyse toutefois les tentatives de coup d’arrêt censorial vis-à-vis du processus de légitimation artistique des transgressions au régime des mœurs, en se focalisant sur des films jugés de valeur, mais interdit totalement par la commission de censure.
Le sixième chapitre se concentre sur l’action publique relative au contrôle des films entre 1968 et 1975. Dans un contexte de mobilisations du champ du cinéma contre la censure, plusieurs projets de réforme, voire de suppression de la censure d’État sont soutenus au sein du ministère de l’Information, puis à partir de 1969, au sein du ministère des Affaires culturelles. Toutefois, ces réformes n’aboutissent pas, notamment en raison d’un rapport de force défavorable au sein de l’État. On s’intéresse ensuite à la sociogenèse de la réforme de la classification « X » en 1975. Cette réforme distingue de manière officielle les films qui relèveraient de l’art du cinéma et ceux qui relèveraient de la pornographie, lesquels sont l’objet d’une compartimentation administrative et fiscale.

13 January 2017

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