Hier réservées à quelques initiés, les données quantitatives de la statistique publique (registres administratifs et enquêtes par sondage) sont devenues beaucoup plus accessibles aux chercheurs en sciences sociales. La critique sociologique ancienne des données quantitatives et des nomenclatures s’est ainsi trouvée intégrée dans la construction d’objet « en prise » avec un terrain et sa possibilité, un peu nouvelle pour toute une génération de chercheur-euses d’être plus largement quantifié. Ces recherches sociologiques s’appuyant sur des données quantifiées rappellent la diversité « du quanti » en sciences sociales : depuis les exploitations secondaires de grandes enquêtes de la statistique publique jusqu’à celles des données d’enquêtes originales, crées « sur mesure » dans le cadre d’une investigation sociologique plus vaste… Cette diversité est en fait la plus à même de contester une division du travail d’objectivation du monde social accordant trop aisément aux recherches en économie un point de vue transversal et macro sur les faits sociaux. L’enjeu de la journée d’étude du CSU « Quantitatifs en sciences sociales » du 12 juin 2012 s’inscrivait dans cette optique afin de participer à la mutualisation et à la discussion des travaux qui font le pari d’articuler différentes échelles d’observation du monde social. En effet, le CSU, après plusieurs départs en retraite et mobilités de collègues (notamment la fin d’activité en 2008 d’une ingénieure spécialisée dans les méthodes en sciences sociales dont le poste serait aujourd’hui utile à l’UMR dans son ensemble), avait perdu une part non-négligeable de ses compétences pour les travaux quantitatifs. Ils étaient autant une force qu’une singularité dans leur articulation systématique avec une attention constante aux cadres historiques de la formation des phénomènes sociaux. Cette journée d’étude, co-organisée par L. Pitti, C. Hugrée et C. Peugny, démontre que le CSU a retrouvé, par le biais de recrutement de jeunes collègues de Paris 8 ou du CNRS, la capacité de constituer en son sein un groupe homogène de spécialistes des traitements statistiques capables de mobiliser l’ensemble des outils statistiques (voir programme annexe 1 équipe Cresppa-CSU). Une telle capacité s’articule avec une perspective socio-historique qui considère les réalités sociales étudiées au long de leur développement diachronique. L’analyse quantitative peut aussi, de manière originale, s’allier à des études monographiques de cas. Autant les éléments présentés pour le bilan que ceux présents dans le projet, montrent que l’équipe CSU dans son ensemble est très attentive à la naturalisation du social, avec une vigilance particulière mise pour la construction sociale des taxinomies, savantes ou profanes. La démarche partagée s’appuie sur une perspective socio-historique largement partagée par les chercheurs des différents thèmes et transmise dans la formation doctorale. Ainsi, ce double positionnement, quantitatif et sociohistorique, et la diversité des accès aux objets rendent possible l’attention particulière portée notamment à la déconstruction préalable des problèmes publics, qui traverse également les travaux des autres équipes et pourrait, à l’avenir, constituer une thématique de réflexion commune. Au CSU, cette ligne relativement originale concerne les politiques publiques d’aide sociale, les mobilisations sociales autour de la santé dans l’industrie, la construction de la ville et de ses populations, le biologisme…
Participant à la thématique Genre et rapports sociaux de sexe du projet du CRESPPA, le CSU n’en a pas moins également une approche des rapports sociaux de sexe spécifique produite par la proximité au sein de l’équipe des autres thématiques, notamment le travail, la culture, et le politique, et, depuis plus récemment, la ville et la santé. Les questions de recherche des chercheuses et doctorant-e-s du CSU travaillant dans le domaine du genre sont, sauf exceptions, construites à l’articulation d’un autre domaine ou d’une autre problématique sociologique : ainsi en est-il des médiations culturelles, de la production artistique, des mouvements sociaux et des contre-mouvements, ou encore de la déviance. L’interdisciplinarité de la sociologie avec la science politique est, au CSU, une des perspectives rendant possible des travaux sur l’engagement ou la place des femmes et des hommes dans les espaces du pouvoir politique ou économique (par exemple, dans la ville). Cette perspective interdisciplinaire s’ouvre aussi maintenant aux disciplines des autres secteurs scientifiques (hors SHS par conséquent), avec une participation au projet de la Mission pour l’interdisciplinarité du CNRS de diffusion du genre dans les sciences du vivant, en biomédecine-santé, ou en écologie-environnement ou sciences technologiques. La transversalité la plus large est donc devenue une des caractéristiques majeures du genre tel qu’il est étudié au CSU.
15 février 2014 >>> >>>
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