« L’imaginaire et la révolution. Les imaginaires du processus révolutionnaire tunisien » [rédigé en allemand], thèse de science politique en cotutelle entre l’Université Justus-Liebig-Universität Gießen (Allemagne) et l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, sous la direction de Regina Kreide et Yves Sintomer, 11 février 2019.
Obtenue avec « summa cum laude », la plus haute distinction dans la nomenclature allemande.
Le mouvement révolutionnaire tunisien a non seulement mis à bas la dictature kleptocratique de Ben Ali qui a duré 23 années, mais il a aussi et avant tout signé la fin d’une ère de déresponsabilisation et de dépossession politique. Dans les rues de Sidi Bouzid, Kasserine et Tunis les voix se sont élevées pour réclamer la liberté, la justice sociale, l’indépendance de la justice, le droit à participer à la vie publique et celui à vivre dans la dignité.
Mon approche de la révolution tunisienne s’intéresse aux imaginaires des acteur-e-s tunisiens qui ont contribué à la chute du régime de Ben Ali. Cette analyse articule questionnement théorique et sociologie politique. Elle admet qu’une révolution ne produit pas seulement un nouvel ordre politique et social, mais aussi de nouvelles significations politiques. Je m’appuie sur le concept d’imaginaire du philosophe Cornelius Castoriadis qui attire l’attention sur la force de l’imagination conçue comme une puissance permettant non seulement l’émergence de représentations sociales mais aussi le dépassement de l’ordre politique. Selon Castoriadis une révolution advient quand il y a un changement au niveau des imaginaires et que les imaginaires sociaux remettent en question les institutions politiques et sociales dominantes. Dans un premier temps, j’étudie comment les acteur-e-s imaginent le nouvel ordre politique et à quelles idées et valeurs ils font référence dans leurs critiques de l’État sous la dictature de Ben Ali. Les imaginaires des acteur-e-s se cristallisent autour de trois thèmes : la révolution, la démocratie et le féminisme. Dans un deuxième temps, je mène une réflexion théorique sur certains imaginaires dominants à partir d’inspirations théoriques variées, notamment de la démocratie radicale.
Pour déterminer les imaginaires tunisiens, j’ai réalisé entre 2014 et 2017 une cinquantaine d’entretiens semi-directifs en dialecte tunisien, en français ainsi qu’en arabe classique à Tunis, Sidi Bouzid, Gafsa et Redeyef. J’ai constitué un panel varié comprenant des syndicalistes, des féministes, des cyberdissidents, des jeunes, des citoyens, des défenseurs de droits humains, des chômeurs et des islamistes âgés de 22 ans à 61 ans. En outre, afin de croiser les sources écrites et orales, j’ai conçu un corpus écrit. Il se constitue d’articles de presse, de billets de blogs et des livres produits par les acteur-e-s tunisiens. Il complète et contraste les imaginaires identifiés dans mes entretiens.
Mots clés : Tunisie ; révolution ; printemps arabe ; imaginaire ; transition démocratique ; démocratie ; démocratie radicale ; féminisme
Nabila Abbas
Cresppa-CSU
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