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NGUYÊN-QUANG Trung - Doctorant à l’université Paris 8

Thèse en cours

Trung Nguyên-Quang, « La distinction sexuelle. Enquête sur l’accusation d’homophobie en France contemporaine : rapports de pouvoir et construction des sujets sexuels à l’ombre de l’État. », thèse à l’Université Paris 8 et à l’Ined, sous la direction de Sylvie Tissot, professeure de science politique, et de Wilfried Rault, directeur de recherche en sociologie.

Dans un contexte où la tolérance à l’égard des sexualités et des genres minoritaires est devenue un critère de progressisme et un gage de libéralisme moral, cette enquête se propose d’analyser les processus de construction de la distinction sexuelle, entendue dans le sens de l’appropriation de la norme égalitaire en matière de sexualités et de genre et son incidence sur la recomposition des rapports de pouvoir de sexe, de classe et de race. L’enquête s’intéresse aux usages de l’accusation d’homophobie en tant que catégorie spécifique du jugement : il s’agit d’analyser les luttes de classements des violences LGBTIphobes à travers les usages de cette catégorie du jugement. Adossée à une enquête ethnographique et archivistique en milieu scolaire et au Défenseur des Droits, ainsi qu’à une campagne d’entretiens, la thèse interroge la variabilité des critères de légitimation des usages de la catégorie d’homophobie, afin de voir à qui, et dans quelles circonstances, le recours à cette catégorie du jugement est socialement profitable ou coûteux. La thèse analyse la production institutionnelle de la norme égalitaire sexuelle et de genre, ses réinterprétations par des acteurs·rices situé·es "en haut à gauche de l’espace social" et confronté·es aux normes de l’État, et le déploiement de cette catégories au sein d’interaction quotidienne. Elle montre comment la catégorie d’homophobie repose sur un codage culturel, au sens de la pratique et la consommations de biens culturels, des violences cishétérosexistes, l’acceptation des minorité de genre et de sexualité devenant une composante d’un capital culturel émergent, propre à une forme d’omnivorisme - ce qui est appelé distinction sexuelle. La thèse souhaite montrer que la variabilité de l’accusation d’homophobie permet à cette catégorie du jugement de s’ajuster à des critères qui ne sont pas strictement propres à l’orientation sexuelle et/ou au genre, mais qui sont également indexés à des enjeux de race et de classe. En délimitant ce qui est estimé comme contrevenant ou pas à l’égalité, l’accusation d’homophobie, et la norme égalitaire sur laquelle elle s’appuie, participe au contrôle des sexualités et des genres minoritaires. En interrogeant la construction intersectionnelle de la distinction sexuelle, l’objectif de ce travail est donc double : d’une part, voir comment la distinction sexuelle, parce qu’elle produit une nouvelle forme de respectabilité, permet de légitimer et de respectabiliser des positions sociales dominantes et des pratiques de domination se jouant selon des logiques de classe, de race, de genre et de sexualité ; d’autre part, interroger la construction du sujet sexuel dans un contexte où l’égalité des sexualités est non seulement le bras armé de la domination d’État, mais aussi le masque respectable d’interactions quotidiennes inégalitaires au sein de rapports de pouvoir multiples et imbriqués.

17 janvier 2024

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Trung Nguyên-Quang
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