Séminaire CNRS/Paris 8/Sciences Po Paris/Paris I Panthéon-Sorbonne : 2011-2012.
Organisation : Soulef Ayad (IHRF, Paris I), Paul Bergounioux (IHRF, Paris I), Pauline Clech (OSC, Sciences-Po Paris), Laure Pitti (Cresppa-CSU) et Séverine Sofio (Cresppa-CSU)
Présentation du séminaire
« Approche praxéologique », « histoire sociale », « sociohistoire », « sociologie historique », ou encore « histoire structurale » sont autant de vocables auxquels les sciences humaines recourent afin d’articuler les approches historique et sociologique. Quelles implications épistémologiques en découlent ? Quels effets produisent-elles sur le choix de la problématique et le rapport à l’objet d’étude ? Quels sont les projets de recherche actuels procédant d’une démarche dialogique entre les deux disciplines ?
Articuler sociologie et histoire, c’est à la fois sociologiser l’histoire en considérant le changement comme un produit de la structure sociale mue par les luttes entre les divers groupes sociaux, et historiciser la sociologie en regardant la même structure comme historiquement déterminée. Autrement dit, c’est interroger de manière concomitante les changements dans l’ordre des représentations et les évolutions structurales, en les rapportant à leurs conditions sociales et historiques de possibilité ainsi qu’aux pratiques individuelles et collectives, c’est-à-dire au cadre dans lequel elles se transforment. Le séminaire souhaite ainsi contribuer à cette réflexion épistémologique. Il s’agira en outre de revenir sur les labels : comment nommer cette articulation entre histoire et sociologie ? A travers cette question, nous proposons d’ouvrir un espace de réflexion sur le champ scientifique lui-même, sur les conditions de possibilité d’une telle réflexion, ainsi que sur les réticences que cette articulation a pu (et peut encore) susciter. Ce séminaire se veut, dès lors, un lieu d’échanges entre différentes générations de chercheurs – historiens, sociologues, politistes, etc. –, mais aussi entre différents contextes nationaux. En effet, pour tenter de décentrer un peu le regard du monde académique français, de ses grandes figures et de ses problématiques institutionnelles singulières, nous avons fait le choix d’ouvrir le séminaire à des chercheurs étrangers pour lesquels cette question de l’articulation entre histoire et sociologie se pose forcément dans d’autres termes et avec d’autres enjeux.
La première année de ce séminaire sera consacrée à l’analyse des logiques de la domination, en raison de leur valeur paradigmatique, en histoire et en sociologie. Les mécanismes de domination seront étudiés suivant une double perspective. (1) Par un retour réflexif sur les méthodes, les objets, les différents niveaux d’analyse mis en œuvre autour de cette problématique, il s’agit de mettre en valeur la transdisciplinarité histoire/sociologie pour révéler les fondements sociaux et historiques qui structurent et voilent l’exercice de la domination. Le retour analytique sur « l’amnésie de la genèse » peut, en effet, se révéler un moyen de déconstruire les mythes qui habillent l’exercice du pouvoir et pérennisent les inégalités, insistant ainsi sur la fonction démystificatrice des deux disciplines. (2) L’exercice de la domination au sein du champ scientifique (partition disciplinaire, force des paradigmes, routinisation méthodologique, objets légitimes, etc.) sera également interrogé afin de dévoiler certains présupposés de la recherche en sciences sociales, que la réflexion autour de l’articulation de la sociologie et de l’histoire, permet de remettre en cause et de dépasser.
Intervenant.es
Daniel ROCHE, Luisa PASSERINI (historienne, professeure à l’université de Turin) et sous réserve Daniel BERTAUX (sociologue, directeur de recherches honoraire au CNRS), Isabelle KALINOWSKI (sociologue, chargée de recherches au CNRS) et Michael LÖWY (philosophe, directeur de recherche émérite au CNRS), Magali DELLA SUDDA (historienne, chargée de recherches au CNRS), Emmanuel TAIEB (politiste, maître de conférences à l’IEP de Grenoble) et Paula COSSART (sociologue, maître de conférences à l’université Lille 3), Claire LEMERCIER (historienne, chargée de recherches au CNRS) et Pierre FRANÇOIS (sociologue, directeur de recherches au CNRS), Valérie POUZOL, Sara MAZA, Gérard NOIRIEL.
Programme consultable sur Calenda : https://calenda.org/205993