Séminaire Cresppa-CSU, MSH Paris Nord : janvier-juin 2012.
Organisation : Susanna Magri (Cresppa-CSU), Franck Poupeau (Cresppa-CSU), Fabrice Ripoll (Université Paris-Est Créteil) et Sylvie Tissot (Cresppa-CSU).
Présentation du séminaire
L’étude des politiques publiques, aux États-Unis comme en Europe, a depuis longtemps insisté sur l’importance de l’analyse des catégories de l’action publique pour interpréter ces politiques sans confondre les représentations de la réalité qu’elles produisent avec les réalités sociales sur lesquelles elles portent. Dans le domaine de l’urbain, de nombreux travaux ont choisi cet angle d’analyse. Ils ont ainsi abordé des politiques ayant pour cible des territoires populaires en montrant comment ont été construites des catégories comme celle de « quartier sensible », de « démocratie locale », de « citoyenneté », de « modernisation des services publics », de « sécurité ». Dans le même temps, il a pu être observé, dans différents pays d’Europe comme outre-Atlantique, que ces catégories étaient opérantes dans le cadre d’un élargissement de la politique du logement à celle du réaménagement urbain, en particulier avec le retour récent de la « rénovation urbaine » appliquée aux quartiers d’habitat, et en particulier d’habitat social. Tout en insistant sur les spécificités nationales, ces travaux ont montré que les « référentiels » des politiques urbaines des divers pays occidentaux ont de nombreux points communs, qu’il s’agisse des formulations de « problèmes urbains », ou des « remèdes » à ceux-ci en termes de prescriptions normatives. Il en va ainsi, par exemple, de la « mixité sociale » et du « développement durable », dont l’émergence doit beaucoup à l’action des organismes internationaux. Du côté de l’histoire, on a pu montrer que des catégories d’intervention publique sur la ville peuvent transiter d’une période à une autre d’une politique donnée, tout en changeant de portée en tant qu’outil d’intervention, suivant les modifications du cadre législatif, de la configuration physique et de la composition sociale des espaces auxquels elles s’appliquent, comme dans le cas de « l’insalubrité » au cœur des politiques de rénovation urbaine à Paris dans la première moitié du XXe siècle.
Le séminaire proposé ici s’inscrit dans cette perspective de recherche, qu’il se propose de prolonger et d’enrichir dans un débat contradictoire, de deux manières. D’un côté, en élargissant la réflexion sur les catégories des politiques urbaines par la prise en compte des ressources qui permettent de les construire, mais aussi des ressources escomptées par les différents acteurs mettant en œuvre ces catégories de l’action sur la ville. D’un autre côté, en insistant sur les emprunts et réadaptions dont ces catégories font l’objet dans différents pays où elles sont mises en œuvre, et sur leur permanence ou transformation d’une période à l’autre des politiques urbaines, bref sur leur circulation. Dans un cas comme dans l’autre, il invite à développer une sociologie des promoteurs de ces catégories qui permet de dévoiler, dans leur diversité voire dans leur contradiction, les logiques qui soutendent leur élaboration.
Intervenant.es
Philippe Hamman, professeur de sociologie à Université de Strasbourg, Stefan Kipfer, maître de conférences en aménagement à l’Université York à Toronto, Canada, et Sylvie Tissot, professeure en science politique à Paris 8, Isabelle Backouche, maître de conférences en histoire à l’EHESS Paris, Valérie Sala Pala, maître de conférences en science politique à l’Université Jean Monnet, Saint Etienne et Christelle Morel Journel, maître de conférences en aménagement à l’Université Jean Monnet, Saint Etienne, Lydie Launay, docteure en sociologie à l’Université Paris Ouest Nanterre, Matthew Desmond, membre de la Society of Fellows et maître de conférences en sociologie à l’Université de Harvard et Loïc Wacquant, Professeur de sociologie à l’Université de Berkeley, Fréderic Graber, chargé de recherche CNRS à l’EHESS Paris
Programme consultable sur Calenda : https://calenda.org/206565