Lundi 27 mars 2017, site Pouchet du CNRS Séminaire Organisé par : Sabine Fortino et Bernard Valentini (Université de Nanterre, Cresppa-GTM-CRESPPA), avec les interventions d’Olivia Chambard (ENS/EHESS, Université de Paris1) de Lucie Tanguy (Cresppa-GTM-CNRS)
Le terme d’entrepreneuriat a envahi l’espace public, bien que resté relativement opaque. Son caractère éminemment polysémique favorise sa diffusion. Emanant de différents lieux et impulsé par des promoteurs aux intérêts non moins différents, on peut dire qu’il est l’œuvre d’un mouvement de fond qui traverse la société française. Il désigne tantôt un nouveau régime de travail et d’organisation sociale pouvant à terme se substituer au salariat, tantôt un développement de création de TPE (très petite entreprises) représentées elles aussi comme une condition nécessaire à l’économie du futur à faire advenir.
La constitution d’un « écosystème de l’entrepreneuriat » s’accompagne de l’inscription d’un enseignement destiné à le faire connaître aux jeunes générations, que l’on retrouve dans tout l’appareil éducatif, des collèges et lycées jusqu’à l’université et dans les « grandes » écoles. Cet enseignement de l’entrepreneuriat trouve sa justification dans la « lutte contre le chômage des jeunes » et est présenté comme une réponse aux échecs aux apprentissages scolaires qualifiés de trop abstraits. La connaissance de l’organisation, du fonctionnement des entreprises ainsi que l’inculcation des dispositions « entrepreneuriales » deviennent alors l’objet de nouveaux cursus conçus et évalués par des représentants du monde des entreprises. Ils donnent lieu à divers dispositifs qui vont de la création de mini-entreprises dans les collèges à celle de filières entrepreneuriales dans l’université.
Au cours de ce séminaire, deux présentations croisées s’emploieront à analyser la mise en place, au sein de l’Education Nationale, de ces cursus dédiés à l’enseignement de l’entrepreneuriat, à décrire les contenus pédagogiques, les dispositifs et la chaîne des acteurs intervenant dans l’accomplissement d’un processus particulièrement recommandé par l’Union Européenne (qui considère « l’esprit d’entreprise » comme une "compétence fondamentale pour chaque personne vivant dans une société basée sur la connaissance"). On s’interrogera également sur le type d’individus qu’il s’agit de former à « l’esprit d’entreprise ».
Olivia Chambard (ENS/EHESS, Université de Paris1) : L’entrepreneuriat dans l’Enseignement supérieur
Olivia Chambard est sociologue, elle termine une thèse en sciences sociales au CMH (ENS/EHESS). Elle a notamment publié : « L’éducation des étudiants à l’esprit d’entreprendre : entre promotion d’une idéologie de l’entreprise et ouverture de perspectives émancipatrices », Formation Emploi, 3/2014, (n°127), p.7-26 ; « La promotion de l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur : les enjeux d’une création lexicale », Mots. Les langages du politique, 2/2013 (n°102), p. 103-120.
Lucie Tanguy (Cresppa-GTM-CNRS) : Enseigner l’esprit d’entreprise dans l’enseignement secondaire
Lucie Tanguy est sociologue, elle vient de publier Enseigner l’esprit d’entreprise à l’école. Le tournant politique des années 1980-2000 en France, Paris, La Dispute, 2016.
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