Années 2012-2014 : Atelier ouvert organisé par Yahan Chuang, Fanny Gallot, Danièle Kergoat, Audrey Molis, Michelle Paiva. Le vendredi de 14h à 16h (1e année) et le jeudi de 14hh à 17h (2e année), site Pouchet du CNRS
Depuis quelques années, le concept d’intersectionnalité acquiert une reconnaissance croissante. De l’usine à l’école, de l’identité individuelle à l’action collective, il apparaît comme un des outils théoriques permettant d’élargir les réflexions non seulement sur le pouvoir, la reproduction des dominations et les résistances qu’elles suscitent, mais aussi sur la segmentation des dominé-e-s.
Cependant, hormis les études prenant pour objet le travail du care, rares sont celles qui s’intéressent à l’analyse sur le travail dans cette perspective « intersectionnelle », et dans cette optique, plus rares encore sont celles consacrées à l’articulation entre précarisation du travail et métamorphoses des dominations.
Dans le contexte actuel, c’est pour rendre compte des multiples dominations, exploitations et oppressions subies par les travailleur-se-s que l’analyse des rapports sociaux de race/sexe/classe s’impose, et cela d’autant plus qu’ils/elles sont précaires et/ou immigré- e-s et/ou racisé-e-s. Mais également pour analyser leurs marges de manœuvre. Néanmoins, saisir la dynamique de co-construction et de reproduction de l’ensemble de ces rapports sociaux nous semble être une démarche délicate : En effet, traiter de ces catégories comme des variables additives ou de façon figée ne nous semble pas permettre d’analyser les effets produits par leur enchevêtrement.
C’est donc afin d’étudier ces situations complexes que nous avons entamé un atelier de recherche il y a un an (Atelier Ouvriers-Ouvrières) dans une approche interdisciplinaire puisque nous sommes un groupe de sociologues et d’historiennes (doctorantes, post- doctorantes, chercheuse). En effet, travaillant sur le travail, bien que sur des terrains et objets distincts, il nous a paru essentiel d’affiner la réflexion sur le croisement des catégories et l’imbrication des rapports de domination/exploitation/oppression.
La première année de ce séminaire a été consacrée à l’itinéraire de chercheuses reconnues ayant toutes traité de l’objet travail et de sa complexité. C’est maintenant à partir de la présentation de recherches concrètes, que nous souhaitons mettre en lumière la conjugaison de plusieurs rapports sociaux dans la division du travail. Cela implique non seulement de les identifier, d’en comprendre la formation et la dynamique mais aussi de mesurer comment ils s’alimentent et se modifient les uns les autres. Cela implique aussi de réfléchir à la méthodologie nécessaire à ce type de recherche : quels outils théoriques permettent de rendre compte de cette complexité ? Comment construire l’objet de
recherche sans réduire la richesse des pratiques sociales ? Comment délimiter un terrain de recherche qui permette de traiter le croisement de ces catégories ?
Autant de questions que nous souhaitons aborder avec des contributions qui partent d’analyses de terrains afin que nous puissions, ensemble, raisonner tant sur l’élaboration des catégories que sur l’imbrication théorique et pratique de celles-ci.
Présentation du programme
Les communications verront alterner doctorantes et chercheur-e-s confirmés. Ces derniers présenteront leurs recherches sur deux terrains « exemplaires » : le mouvement des sans papiers et le travail du « care ». Nous espérons ainsi contribuer à dévoiler la façon dont les recompositions de la division internationale du travail et la flexibilisation du travail se croisent avec la division sexuelle et raciale du travail, dans le même temps que s’accentue l’essentialisme culturel et racial. Ensuite, deux doctorantes présenteront leurs travaux de thèse sur des travailleuses précaires dans différents secteurs économiques. À partir de ces matériaux, nous souhaitons montrer davantage comment la restructuration économique dans le secteur dit « atypique » influence la subjectivité des travailleuses précaires et contraint et construit leur marge de manœuvre. Dans la séance de conclusion, Danièle Kergoat fera une synthèse du semestre. Par le dialogue, nous espérons ainsi élargir nos réflexions entre l’évolution du monde social et l’innovation théorique. Dans chaque séance de ce séminaire mensuel, la présentation d’une recherche sera suivie d’un débat introduit par une discutante.
Séance 1, vendredi 22 février 2012– Introduction (séance exceptionnelle de 2h30, introduction de l’atelier).
Xavier Dunezat (professeur de sciences économiques et sociales) : « Des chômeurs aux sans-papiers : des militants « intersectionnels » ? »
Discutante : Ya-Han CHUANG (doctorante en Sociologie, Paris-IV Sorbonne)
Séance 2, vendredi 29 mars – La capacité d’agir des travailleuses dans l’économie informelle.
Ya-Han Chuang (doctorante en Sociologie, Paris-IV Sorbonne) : « La dignité des travailleuses sans papiers : Le cas des femmes chinoises à Paris. »
Discutante : Audrey Molis (doctorante en sociologie, Centre Pierre Naville)
Séance 3, vendredi 26 avril – Le travail du « care » et l’analyse intersectionnelle
Emmanuelle Lada (Chargée d’étude à l’INED) : « Emplois/travail de care et approche(s) intersectionnelle(s) : la mise à l’épreuve des terrains d’enquête. »
Discutante : Michelle Paiva (doctorante en sociologie, CRESPPA-GTM)
Séance 4, vendredi 17 mai – Les femmes dans les coopératives au Brésil : entre égalité et reproduction de la domination ?
Carolina Cherfem (Doctorante en sociologie de l’éducation à l’Université de Campinas – UNICAMP, Brésil) : « Rapports sociaux de genre et de classe dans les expériences de travail collectif au Brésil. »
Discutante : Fanny Gallot (post-doctorante, LARHRA et LHEST)
Séance 5, vendredi 21 juin – Séance conclusion
Synthèse du séminaire par Danièle Kergoat suivie d’une discussion collective.
Dans le contexte actuel, la complexité des dominations, exploitations et oppressions subies par les travailleur-se-s impose une analyse mobilisant simultanément, et au minimum, les rapports sociaux de race/sexe/classe. Cette analyse est tout autant nécessaire pour repérer les marges de manœuvre et comprendre la nature des résistances et des luttes individuelles et collectives. Néanmoins, saisir la dynamique de co-construction et de reproduction de l’ensemble de ces rapports sociaux n’est pas entreprise facile. Car ne raisonner qu’en termes de catégories, de surcroît de façon additive, ne permet pas forcément d’analyser les effets produits par l’enchevêtrement des rapports sociaux. Tels étaient les points de départ de l’année passée. Après une année de réflexion collective, c’est sans doute au niveau méthodologique que les acquis sont les plus sensibles : propositions d’« agencement » des rapports sociaux afin d’organiser la pensée de leur emboîtement, mise en évidence de la subjectivité qui traverse le travail de catégorisation, propositions quant au choix des terrains (partir des marges, comment croiser macro/méso/micro…), etc. Le séminaire continuera d’y accorder toute son attention.
S’agissant de l’analyse du croisement des rapports sociaux au travail, nous avons mis en débat la notion de catégories. Comment celles-ci sont-elles façonnées ? Quelle portée explicative ont-elles ? Nous poursuivrons la réflexion sur ce thème ainsi que sur le potentiel heuristique respectif des deux dispositifs théoriques que sont l’intersectionnalité et la consubstantialité. Ce sera le premier thème transversal du séminaire.
Par ailleurs, ce croisement des rapports sociaux produit des marges de manœuvres. Ainsi, la question de la capacité d’agir individuelle et collective, apparue à maintes reprises l’an dernier constituera le second thème transversal.
Présentation du programme 2013-2014
Le séminaire 2013-2014 a donc un double objectif : approfondir les acquis de l’année précédente sur la thématique du croisement des catégories au travail et proposer une lecture transversalisante des séances à venir sur le plan de la capacité d’agir.
Pour ce faire, nous proposons des séances alternées : certaines qui peuvent être dites « classiques », un-e intervenant.e présentant ses travaux, alterneront avec la rencontre avec d’autres séminaires, colloques, acteurs de la vie sociale, culturelle, etc. Le postulat étant que le procès de cumulation sur les problèmes qui nous intéressent – le travail, les rapports sociaux – gagnera à la confrontation avec d’autres acteurs sociaux et d’autres lieux scientifiques. C’est cette nouvelle façon de faire séminaire que nous tenterons de poursuivre durant l’année qui vient.
Séance 1, jeudi 10 octobre 2013 : "Travail, mondialisation et imbrication des rapports sociaux : réflexion autour du travail considéré comme féminin et des « vases communicants »".
Jules Falquet, Maîtresse de conférences HDR ; CEDREF (Centre d’Enseignement, de Documentation et de Recherches pour les Etudes Féministes)- CSPRP (Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations Politiques) ; Responsable de la spécialité de Master (recherche) Genre et Développement ; UFR de Sciences sociales, Université Paris Diderot
Discutante, Michelle Paiva, Doctorante en sociologie, Paris 8 - CRESPPA-GTM, associée au GISCOP93
Séance 2, jeudi 14 novembre 2013 : "Genre et classes populaires : dominations et agency"
Les organisateur(ice)s du séminaire « Genre et Classes Populaires »
Séance 3, jeudi 12 décembre 2013 : "Croisement, décroisement : le travail domestique au cœur des rapports sociaux"
Rose-Myrlie JOSEPH, Doctorante à l’Université de Lausanne/Paris
Séance 4, jeudi 16 janvier 2014 : "Comment mettre en scène les rapports de domination ? "
Les comédien.ne.s du Théâtre de l’opprimé
Séance 5, jeudi 20 février 2014 : "Sexage’ en recomposition : le cas des travailleuses domestiques résidentes au Canada"
Elsa Galerand, Professeur de sociologie à l’UQAM et Martin Gallié, professeur de droit à l’UQAM (Québec)
Séance 6, jeudi 20 mars 2014 : "Comment penser les catégories d’intersectionnalité et de consubstantialité à partir des débats du colloque international "Théories et pratiques du care. Comparaisons internationales", Paris, juin, 2013 ? [programme du colloque].
Helena Hirata, Sociologue, Directrice de recherche émérite, CNRS
Efthymia Makridou, Doctorante en sociologie, Paris 8 - CRESPPA-GTM
CSU: Axe « Ville » : catégories et ségrégations urbaines | Axe « Culture » | Axe « Santé » | Positionnements méthodologiques |
GTM: Axe1. Dynamiques sociodémographiques | Axe 2. Migrations, mobilités et pays du Sud | Axe 3. Le travail à l’articulation des relations entre métiers et expression différenciée des émotions |
LABTOP: Axe 1 : “Représenter” | Axe 2 : Cirulations transnationales et asymétries de pouvoir | Axe 3 : Genre et Biopouvoir | Questions transversales |