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Direction d’ouvrage - dossier de revue
Eleni Varikas « Traversées, diasporas, modernités », Raisons Politiques, n°1, 2006.
Extrait de l’inroduction :
« Au cours de la dernière décennie, les termes « post-colonial » et « post-colonialisme » ont fait l’objet de nombreuses critiques liées à l’imprécision sémantique du préfixe post qui rend invisible le néo-colonialisme. Selon Rey Chow, le préfixe « post » dans les études post-coloniales peut renvoyer à trois temporalités. Il renvoie à « ce qui a fini », à ce qui vient « après », mais il peut aussi signifier « une notion du temps non linéaire mais constamment là, marqué par des événements qui sont techniquement finis, mais qui ne peuvent être compris qu’à la lumière de la désolation qu’ils ont laissée derrière eux ». Quoi qu’il en soit, penser ces héritages dans une continuité linéaire avec le passé colonial et esclavagiste risque de faire écran à la compréhension des configurations politiques précises que forment ces héritages dans les sociétés post-coloniales et néo-coloniales et empêche d’interroger, chaque fois concrètement, ce qui fait leur actualité au sens benjaminien du terme ; qu’il s’agisse de la résurgence des absolutismes ethniques, de la racialisation du politique, ou de la suppression des libertés par des mesures d’exception, notre présent communique avec ce passé, quand il reconnaît en lui quelque chose qui le concerne, quelque chose qui n’a pas été résolu et qui, pour cela, guette toujours notre avenir ; et peut-être même notre présent comme semble le suggérer le concept de nécropolitique proposé par Achille Mbembe et l’image emblématique du kamikaze palestinien pour qui l’unique acte de souveraineté semble se réduire au pouvoir de donner et de se donner la mort.
La prise de distance « spatiale » proposée ici implique de renverser la perspective imposée par la disjonction entre l’Intérieur et l’Extérieur, pour aborder ces questions comme des généalogies constitutives internes, pour ainsi dire, à l’État-nation [...] » Lire l’introduction dans Cairn
Professeure émérite à l’Université Paris 8
Ancienne membre du Cresppa-GTM