Cresppa > GTM > Publications > Publications GTM 2014-2019
Direction d’ouvrage - dossier de revue
Michel Kokoreff, Anne Coppel et Michel Peraldi (dirs.), La catastrophe invisible. Histoire sociale de l’héroïne (France, années 1950-2000), Éditions Amsterdam, 2018 - 656 p.
Présentation :
« L’ambition de ce livre est de donner de la profondeur historique à la catastrophe sanitaire et sociale que fut l’héroïne, à sa répression, aux dynamiques et cycles de sa consommation et de son trafic. Il raconte cette histoire dans ses multiples dimensions, sociale et économique, culturelle et urbaine, politique et géopolitique, en privilégiant le point de vue de ceux qui ont été ses acteurs ou témoins. Plus généralement, il prend l’héroïne comme analyseur, pour saisir ce que les drogues font à la société.
Le marché de l’héroïne se structure au cours des années 1950, mais c’est avec Mai 68 que s’amorce un premier tournant : dans ce bouillonnement politique, sociétal et culturel, les produits se diffusent au sein d’une jeunesse en quête de liberté et d’expériences. La fin des Trente Glorieuses marque un durcissement. La consommation d’héroïne s’étend et les sources d’approvisionnement se multiplient, bien au-delà du mythe de la « French Connection ». Les années 1980 sont un tournant majeur : on voit apparaître des « scènes » où les drogues sont vendues et consommées ouvertement dans les squats, quartiers délabrés, « banlieues » et autres « cités maudites ». Les ravages de l’héroïne deviennent de plus en plus visibles et sa diffusion joue un rôle central dans la construction du problème des banlieues dans sa version sécuritaire et racialisée. Les quartiers dits défavorisés vont être au cœur de sa diffusion mortifère, frappées par l’épidémie de sida, d’une part, et par les politiques répressives, d’autre part. Une bascule s’opère dans les années 1990 lorsque Simone Veil, ministre de la Santé, s’engage dans la mise en place d’un dispositif expérimental de réduction des risques.
L’histoire de l’héroïne est celle de la répression, de la guerre à la drogue et, en corollaire, de l’absence de culture de santé publique en France, mais c’est aussi celle d’un processus de transformation des appartenances collectives et des identités culturelles qui interroge le rôle des produits psychotropes dans le changement social. »
Contributions de Vincent Benso, Anne Coppel, Jean-Michel Costes, Claire Duport, Emmanuelle Hoareau, Michel Kokoreff, Aude Lalande, Alexandre Marchant, Fabrice Olivet, Michel Peraldi, Liza Terrazzoni.