Franck Freitas Ekué, « Corps Black : Généalogie d’une production et d’une valorisation marchande du corps noir sous l’industrialisation capitaliste », thèse de doctorat en thèse de doctorat en science politique à l’Université Paris 8, sous la direction de Jane Freedman (CRESPPA-GTM)
mercredi 8 décembre 2021 à partir de 09h30, CNRS, site Pouchet, salle de Conférences, 59/61, rue Pouchet, 75849 Paris, cedex 17
La promotion sociale par le sport, la musique - où le corps est utilisé comme argument de vente - se présente comme un des rares horizons envisageables pour une jeunesse noire des quartiers populaires. Une valorisation marchande du corps qui pourrait passer pour « anecdotique », si elle n’entrait pas en résonance avec une certaine histoire de l’altérité noire : celle d’une naissance en tant que corps marchandise produit dans le système esclavagiste. Je propose ici de faire une généalogie de la marchandisation du corps noir entre le XVIIIème et la fin du XXème siècle, soit entre l’ère esclavagiste et post-industrielle. Elle interroge deux visions antagonistes de l’émancipation noire aux États-Unis depuis l’abolition de l’esclavage (1865). La première se veut une critique du capitalisme qui a rendu possible la réduction des vies nègres en corps-marchandise. La deuxième vision renvoie à l’adhésion aux valeurs de l’économie de marché, qui implique une marchandisation de l’altérité noire. La focale se dirige vers la représentation des Noir.e.s américain.e.s, qui fournit les principaux modèles d’émancipation pour les classes populaires noires, notamment celles situées en France continentale. Une énigme est au cœur de cette recherche : comment expliquer que les termes à partir desquels s’est structurée la domination des Noir.e.s – la valorisation marchande du corps sous un régime capitaliste – se traduisent aussi en une voie de leur émancipation ? La réponse à cette énigme ancre cette thèse dans une approche résolument pluridisciplinaire, à la croisée de l’histoire, de la théorie politique, des sciences de l’information et communication.
Jane Freedman, Professeure des universités en sociologie, Université Paris 8 Vincennes, Saint-Denis – CRESPPA-GTM (Directrice de Thèse)
Maxime Cervulle, Professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université Paris 8 – CEMTI
François Cusset, Professeur des universités de civilisation américaine, Université Paris 10 Nanterre
Estelle Ferrarese, Professeure des universités en philosophie, Université de Picardie Jules Verne – CURAPP (rapporteure)
Guillaume Johnson, Chargé de recherche - HDR au CNRS, Université Paris-Dauphine – DRM (rapporteur)
Cornelia Möser, Chargée de recherche - HDR au CNRS, CRESPPA-GTM