Julien Allavena, « "D’une vérité de parti à une vérité de classe" : portrait de l’opéraïsme en hérésie (1956-1969) », thèse à l’université Paris 8, sous la co-direction de Laurent Jeanpierre et de Johanna Siméant-Germanos.
Cette recherche porte sur la déclinaison italienne de la « nouvelle gauche » internationale apparue, après 1956, sous la forme de réseaux d’intellectuels et de petits groupes militants évoluant en périphérie de la gauche partisane. Le terrain abordé est plus précisément celui composé par les revues-groupes associées à l’« opéraïsme » que sont les Quaderni rossi et Classe operaia, dont les archives (notes de travail, correspondances, comptes-rendus de réunions et papiers personnels) sont traitées au moyen de méthodes mixtes. Sont mobilisés pour ce faire les outils de l’histoire sociale des idées politiques, de la socio-histoire des partis, de la sociologie des crises politiques et des mobilisations transnationales.
L’objet d’étude principal est l’exercice de l’autorité intellectuelle en milieu militant, autrement dit la façon dont des idées et leurs producteurs s’imposent en politique, en particulier au sein du « champ politique radical » (Gottraux 1997). La thèse s’emploie en effet à restituer les divisions du travail intellectuel et les mécanismes de consécration d’autorités concurrentes de celle des cadres partisans (mais aussi concurrentes entre elles) qui conditionnent l’existence de ce type de « collectifs hérétiques » (Bourdieu 2013). Cela conduit à mettre en valeur la manière dont la crise du monde communiste de 1953-1956 a généré durablement au sein des gauches ouest-européennes des formes microcosmiques de « situations charismatiques » (Dobry 1981).