Thèse en cours
Daisy Cordémy, "Lutter contre une gouvernementalité coloniale protéiforme et continue ? Le cas de la Martinique 1946-2010" à l’Université Paris 8, sous la direction d’Elsa Dorlin
La thèse aura pour objectif de mettre en évidence l’impact des colonisations au sein des Antilles Françaises, en étudiant principalement le cas de la Martinique de 1946, date de départementalisation, à 2010. Il s’agira de voir comment les acteurs des luttes de ces dernières décennies construisent leur histoire. Réappropriation identitaire face à la dissolution, construction d’une nation face à la fragmentation, réécriture digne de l’histoire face à la falsification, révolte contre cette vie « d’homme par terre », tels sont les mots d’ordre qui ont guidé les luttes qu’elles s’inscrivent dans les milieux intellectuels et politiques, ainsi que dans les mouvements sociaux et syndicaux qui constitueront la majeure partie de notre étude. « Que de sang dans ma mémoire, dans ma mémoire sont des lagunes »nous disait Césaire. D’où simultanément l’idée d’une transmission générationnelle des valeurs de lutte face à une histoire coloniale continue, un gouvernement cédant encore à la tendance coloniale, à une forme d’administration guidée par un savoir spécifique sur les coloniaux hérité des périodes esclavagistes. Il est indispensable, et même vital d’acquérir liberté, dignité et traitement égalitaire, de rester vigilant face à un pouvoir postcolonial ne pouvant s’affranchir malgré tout de pratiques coloniales. Il s’agira d’étudier l’omniprésence d’un passé douloureux fortement ancré dans la mémoire, un passé qui régit encore la société martiniquaise et son organisation, la résurgence d’évènements traumatisants ravivant l’idée d’une extension plus dissimulée, mais manifeste des méthodes et traitements infligés en pays colonisé. En définitive comment on se construit en pays anciennement colonisé, comment on construit son histoire ? Qu’est-ce qui fait que le passé revient ?