Organisation : Massimiliano Nicoli, Luca Paltrinieri et Muriel Prévot-Carpentier
Contact : luca.paltrinieri@univ-rennes1.fr
Nous nous attacherons cette année aux transformations contemporaines de cette forme spécifique des relations entre capital, travail et subjectivité que nous avons appelée, au cours des années précédentes de notre séminaire, la « forme entreprise ». La question centrale de notre séminaire sera la suivante : si Weber pouvait dire qu’« il y a capitalisme, là ou les besoins d’un groupe humain qui sont couverts économiquement par des activités professionnelles le sont par la voie de l’entreprise », l’économie de « plateformes digitales » répond encore aux critères d’une économie capitaliste fondée sur l’entreprise comme noyau minimal de production de biens et de services ? Non seulement, en transformant le rapport au travail et en ouvrant de nouvelles formes de coopération, les plateformes digitales modifient les rôles traditionnels des acteurs de secteurs d’activités traditionnels, mais encore elles se présentent comme des étranges hybrides entre entreprise et marché (Casilli). Plus généralement, il y a quelques raisons de penser que les nouvelles formes de travail et de création de valeur représentent un dépassement d’une série de distinctions qui structuraient l’imaginaire libéral sur lequel s’est constitué le capitalisme : la distinction entre espace public et privé, vie personnelle et professionnelle, consommation et production, production et reproduction. Cette transformation des formes du travail et de l’emploi marque-t-elle un retour à des formes anciennes d’exploitation de la main d’œuvre ? Quels nouveaux risques socio-professionnels peut-on discerner dans un contexte de porosité entre les temps de travail et de vie et l’effritement plus général du salariat ? Faut-il penser, que, à travers ces transformations de la condition des travailleurs, la vie elle-même est-elle intégralement « mise au travail » ? Et quelle serait, dans ce nouveau contexte, la place pour des oppositions conceptuelles qui structuraient l’approche traditionnelle de la philosophie politique à la question du travail (praxis/poiésis, homo faber/animal laborans) ? Comme les années précédentes, nous questionnerons la philosophie du travail à partir du regard des sciences sociales, en particulier l’économie, le droit et la sociologie.
Programme
- 12 mars 2018
Patrice Flichy, LATTS, IFRIS, Université Paris-Est
- 26 mars 2018
Sarah Abdelnour, IRISSO, UNMR CNRS 7170, Université Paris-Dauphine
- 9 avril 2018
Anselm Jappe, Académie de Beaux-Arts, Frosinone
- 14 mai 2018
Michel Feher, Zone Books
- 28 mai 2018
Thomas Pasquier, IETL, Université Lumière Lyon 2
- 11 juin 2018
Olivia Montel, MAE, DARES
- 25 juin 2018
Marie-Anne Dujarier, LCSP, Université Paris 7 – Denis Diderot