Contre la réforme des retraites et la LPPR : le  5 mars, la recherche s'arrête

Recherches

Axes de recherche

Genre et rapports sociaux de sexe

Le CRESPPA est une unité de recherche active dans les questions relatives au genre et aux rapports sociaux de sexe. Les recherches s’inscrivant dans cet axe s’organisent en quatre sous-axes, qui se superposent plutôt qu’ils ne se juxtaposent :

Épistémologie et théories féministes

Ce sous-axe aborde les questions relatives aux productions de catégorisations de genre/sexes, aux hiérarchisations ainsi qu’aux épistémologies des productions théoriques au sein des différentes disciplines. Y sont développées notamment des travaux qui étudient les différentes formes de féminismes, les analyses féministes et queer de l’État, l’intersectionnalité du genre et des rapports sociaux de sexe. Se rattachent également à ce sous-axe des travaux relatifs à la circulation des idées féministes et à leur transformation dans le champ intellectuel et universitaire, ainsi que les recherches relatives à la production des catégories et de leurs frontières. Des recherches sont également menées sur la production des disciplines scientifiques, leurs frontières et leur capacité à s’enrichir mutuellement, notamment dans la théorisation des rapports sociaux de sexe et du féminisme appréhendé par la philosophie, l’économie, la sociologie, la science politique, l’anthropologie ou la démographie.

Corps, normes, sexualité(s)

Ce sous-axe est alimenté par des recherches explorant les modalités de la construction des normes relatives à la/aux sexualité-s en les replaçant dans les différentes lignées de pensées émancipatrices. Ces travaux sont menés dans une perspective diachronique (19e siècle, années 1960...) et relèvent de plusieurs terrains (France, Etats-Unis, Allemagne…). D’autres recherches s’intéressent aux politiques et expériences des corps reproducteurs - incluant l’analyse des normes contraceptives et procréatives -, aux relations entre normes biomédicales et sociales, et s’attachent à penser ces expériences et normes en relation aux notions de travail, de responsabilité, de santé et de droits.

Formation, travail, professions et carrières

Les recherches inscrites dans cette sous-thématique articulent l’analyse des pratiques professionnelles et du travail aux trajectoires familiales, conjugales, résidentielles, migratoires et de santé. Elles abordent également les relations entre émotions et travail et développent une sociologie des professions capable d’éclairer les inégalités entre hommes et femmes (enjeux patrimoniaux genrés, analyse des carrières et mobilité sociale…). Un ensemble assez vaste de recherches ne déconnecte plus l’activité professionnelle des autres sphères de vie et s’intéresse à l’articulation des différentes carrières/trajectoires en privilégiant une perspective longitudinale (vie professionnelle et familiale, trajectoires migratoires et résidentielles, prise en compte des dynamiques temporelles…).

Socialisations et éducations sexuées

Ces recherche s’inscrivent dans l’analyse de la socialisation et de l’éducation sexuée en tant qu’elles préfigurent des rôles et comportements sociaux et démographiques différents selon les sexes. Des institutions comme la famille ou l’école (au sens le plus large) font l’objet de recherche quant aux acteurs, pratiques et outils qui participent (ou non) à la reproduction du genre et à la promotion (ou non) de l’égalité entre les sexes.


En dehors de ces quatre sous-axes, des passerelles existent avec l’ensemble des autres axes de recherche de l’unité, notamment avec l’axe « Postcolonialisme et rapports sociaux de race », en rapport avec des problématiques liant frontière, migration et genre.


Rapports de classe, inégalités, mobilités sociales

Cet axe de recherche du CRESPPA est centré sur les transformations et les recompositions des rapports de classe et de domination saisis par différentes méthodes d’enquêtes et à travers différents objets.

Pratiques de travail, émotions, résistances

Le CRESPPA s’appuie sur une longue tradition de recherches sur le travail, les travailleurs et travailleuses, en associant des enquêtes sur les trajectoires et pratiques, sur l’encadrement technique et gestionnaire du travail, ainsi que les formes de résistances collectives plus ou moins informelles dans les espaces organisés. Ce sous-axe est ainsi attentif aux contraintes du travail, aux résistances à l’ordre productif ou aux hiérarchies instituées. Le cadrage émotionnel permet également de prendre en compte les enjeux sociaux et subjectifs du travail ainsi que les transformations organisationnelles qui visent à les normer. Les recherches menées dans ce sous-axe dialoguent avec les recherches menées dans plusieurs autres axes (« Genre et rapports sociaux de sexe » et « Art, savoirs et culture » notamment).

Santé, inégalités et rapports de domination

Les travaux menés dans ce sous-axe relèvent de la sociologie de la santé, du corps, de la maladie et du handicap. Certains explorent les pratiques de santé (propres aux professionnels du champ médical comme aux usagers du système de santé), d’autres s’inscrivent plus spécifiquement dans une sociologie du corps, à travers une perspective généalogique attentive aux transformations de l’administration du vivant. Enfin, un troisième ensemble de travaux traite des usages politiques et sociaux des sciences, des savoirs et des normes sanitaires. Les recherches menées dans ce sous-axe rencontrent celles des axes transversaux « Genre et rapports sociaux de sexe », ainsi que « sociologie, histoire et théorie du politique ».

Spatialisation des inégalités, ségrégations

Les enquêtes sur la spatialisation des inégalités constituent une importante tradition de recherche du CRESPPA. Plusieurs projets visent à dresser une cartographie de la dimension territoriale de la structure et des rapports de classe en France et en Europe, certains portant plus particulièrement sur le rapport à l’espace et au logement des classes populaires. D’autres enquêtes explorent les relations entre philanthropie et pauvreté urbaine aux États-Unis ; les reconfigurations sociales et urbaines en cours dans les quartiers populaires des villes en voie de métropolisation ; ou encore les variations sociales des usages de l’espace domestique. Enfin un ensemble de travaux s’intéresse à l’articulation entre inégalités de classes et inégalités territoriales devant la justice.

Qualifier, quantifier : rapports de classes et mobilités sociales

Les recherches menées dans ce sous-axe interrogent réflexivement les instruments – quantitatifs et qualitatifs – qui permettent de dresser les contours des classes et fractions de classes sociales dans l’espace national et international. Certaines sont centrées sur l’Europe, qu’elles s’intéressent à la construction des nomenclatures socio-professionnelles ou contribuent à une sociologie comparée des classes sociales en Europe. D’autres interrogent l’usage sociologique de la quantification à travers une analyse comparée de la multi-dimensionnalité des positions sociales en France et en Inde. Enfin, un ensemble de recherches porte sur les mobilités sociales contemporaines. Elles abordent ainsi les mutations contemporaines des collectifs de travail confrontés à l’isolement grandissant des salariés ; la place du patrimoine dans les mécanismes de reproduction des rapports sociaux de classe ; ou encore les articulations entre encadrement institutionnel et construction sociale du rapport à l’emploi des personnes issues des classes populaires en recherche d’emploi.


Sociologie, histoire et théorie du politique

Cet axe réunit un ensemble de recherches soucieuses de penser le politique, sans le réduire au champ institutionnel de la politique (représentation, élections), en prenant pour objet les processus de politisation des groupes sociaux comme les pratiques politiques parfois dites « non-conventionnelles » ou « émergentes », en lien avec la circulation des savoirs comme celle des normes de justice. Il met à profit le caractère pluridisciplinaire du CRESPPA pour faire dialoguer les approches sociologiques, politistes, économiques, philosophiques et historiques du politique et pour associer des méthodes plurielles (quantitatives, ethnographiques, documentaires ou théoriques). Il réunit notamment des études sur la gouvernementalité étatique ou européenne soucieuses d’interroger les représentations des gouvernés, des recherches sur le renouvellement des formes de contestation et d’expérimentation d’espaces alternatifs de vie ou de forme de participation politique, menées notamment dans différents pays du Sud, ou des études de la circulation transnationale des savoirs et des idées et de son lien aux luttes politiques.

Les recherches conduites dans cet axe sont attentives à trois dimensions du politique : 1. Sa dimension historique, c’est-à-dire à l’historicité des savoirs et des objets, appréhendée à travers une méthode généalogique ou socio-historique ; 2. Sa dimension internationale et transnationale, c’est-à-dire aux rapports entre différents acteurs mondiaux (organisations internationales, gouvernements, centres scientifiques, entreprises, institutions locales, etc.) qui ne s’épuisent pas dans les relations entre États ; 3. Sa dimension normative enfin, c’est-à-dire au rôle des normes politiques (démocratie, justice, sécurité) en jeu dans les rapports de pouvoirs et les formes de résistance à la domination.

Cinq sous-thématiques nourrissent cet axe

  • Démocratie, citoyenneté et représentation
  • État, gouvernement et action publique
  • Inégalités, justice, discriminations
  • Politisations et comportements politiques
  • Politique du transnational : dominations, circulations, intégrations


Arts, savoirs et cultures

Les recherches menées dans l’axe « art, savoirs et cultures » mobilisent les mêmes instruments pour étudier des secteurs sociaux qui sont d’ordinaire abordés séparément : les arts dans leur diversité, qui incluent les industries culturelles et numériques ; les savoirs et les sciences, naturelles, humaines ou sociales ; les idées, philosophiques ou politiques en particulier et, plus généralement, les cultures des élites et les élites culturelles mais aussi les cultures dites populaires dans toutes leurs manifestations, plus ou moins reconnues socialement.

Elles abordent ces secteurs avec les outils de la sociologie – avec des entrées fortes sur les professions, le travail, la division du travail, ou encore la digitalisation – mais aussi de la science politique, de la théorie politique et des études culturelles et des études de genre, en mettant en avant le dialogue entre sciences sociales et cultural studies, ainsi qu’entre sciences sociales et autres branches du savoir qualifiées de studies. Ces croisements de regard permettent d’associer les approches en termes d’analyse de contenu et de représentations, par exemple d’iconographie, de muséographie ou de narrations, avec celles de la théorie critique, des études de genre, de la sociologie quantitative, de l’ethnographie ou de l’histoire.

Quatre sous-thématiques composent ainsi cet axe

  • Analyse des discours et des représentations, constructions symboliques et rapports sociaux
  • Artistes, intermédiaires et industries culturelles
  • Cultures minoritaires, dissidentes et contestataires
  • Productions intellectuelles, circulation des savoirs et des œuvres


Postcolonialisme et rapports sociaux de race

Le CRESPPA développe des recherches relatives aux processus de visibilisation et d’invisibilisation de la dimension raciale ou postcoloniale des rapports sociaux, aux discriminations et à la racialisation des catégories minoritaires, dans la culture par exemple mais aussi aux guichets de l’immigration ou dans le cadre des politiques de santé.

Les questionnements de la race et de la postcolonie ne fournissent pas seulement le support de commentaires ou de montages exclusivement textuels mais suscitent l’étude de nouveaux objets empiriques. Les recherches menées dans cet axe appréhendent le concept de « race » et les approches postcoloniales comme des instruments d’analyse de processus sociaux et politiques variés, allant de l’altérisation à la stigmatisation. Ces recherches interrogent l’assise épistémologique même de nos savoirs, un questionnement dont découlent un ensemble de recherches et de perspectives critiques sur la colonialité de nos disciplines, de leur appareil conceptuel et de leur histoire et, plus largement, une réflexion sur l’eurocentrisme scientifique et ses effets d’ignorance ou bien sur l’asymétrie des relations épistémiques entre les Nords et les Suds.

Les recherches menées dans cet axe portent une attention particulière à la longue durée historique et à la « désorientalisation » des savoirs, à la prise en compte des manières de résister aux discriminations et aux violences, comme aux questions du genre, des sexualités et de la place de l’étranger dans la construction de la nation.

Quatre sous-thématiques composent ainsi cet axe

  • Histoire des catégorisations et processus de racialisation
  • Approches postcoloniales et colonialité du pouvoir
  • Discriminations, violences et résistances
  • Constructions de la nation, nationalisme, migrations


21 février 2023