Alexis Pierçon, "Néolibéralisme et économie comportementale : une approche foucaldienne", thèse en préparation à l’Université Paris 8 sous la direction de Bertrand Guillarme.
Résumé :
En 1979, Michel Foucault consacre une partie de son cours au Collège de France, Naissance de la biopolitique au néolibéralisme, en prenant pour grille d’analyse le concept de gouvernementalité. Pour conceptualiser cette rationalité néolibérale. Foucault convoque les corpus respectifs de deux écoles. D’une part, les ordolibéraux allemands de l’École de Fribourg pour lesquels le marché trouve son essence dans la concurrence que l’État doit assurer à travers un cadre juridico-politique. Sur les marchés, les individus, quant à eux, doivent être gouvernés de telle sorte qu’ils se conduisent comme des entrepreneurs d’eux-mêmes. Nous retrouvons là l’apport du néolibéralisme américain et, notamment, le modèle à la fois descriptif, normatif et prescriptif du capital humain théorisé par Theodore Schultz et Gary Becker de l’École de Chicago.
L’individu n’est pas, par nature, un capital humain. Il est assujetti comme tel à travers tout un ensemble de techniques et de normes. Là se trouverait donc l’objectif propre de la gouvernementalité néolibérale. Or, Foucault, malgré une maigre allusion à Burrhus Frederic Skinner et à Robert Castel, n’envisage en détail ni la généalogie ni les modalités de cette gouvernementalité. L’objectif de mon travail est ainsi d’explorer cet angle mort que peu de théoriciens, dans le sillage de Foucault, ont relevé. Plus précisément, je tente de construire une histoire intellectuelle du néolibéralisme à travers les discours et les savoirs techniques et normatifs qui ont théorisé et informé cette gouvernementalité. Ces recherches m’amènent actuellement à relativiser l’importance du concept de capital humain au sein du néolibéralisme pour identifier différents types de gouvernementalités au sein de ce mouvement.